Grand Maître depuis 2009.
Joueur, enseignant, sélectionneur de l’équipe de France en 2016 lors des Olympiades, acteur même (« Le Tournoi » en 2015) il est un intervenant régulier de la chaîne BlitzStream.
1. Quel est votre démon aux échecs ?
Probablement le manque de confiance
2. Le joueur du passé qui vous accompagne ?
Kasparov qui était le champion du monde et le King lorsque j’ai débuté !
3. La citation échiquéenne qui vous exaspère le plus ?
La phrase de Fischer «I like the moment I crush a man’s ego » c’est-à-dire j’aime le moment où je sens que je brise l’ego de mon adversaire. Ce n’est pas ma vision du jeu du tout. Je préfère nettement le «I play against pieces» de Gligoric.
4. Votre juron favori après un mauvais coup ?
Heureusement que l’on n’a pas le droit de parler en tournoi sinon… Mais je dirai probablement « Putain» !
5. La meilleure pièce sur la meilleure case ?
Le Cavalier bloqueur. Central si pos–sible. Une sorte de Quarterback de l’échiquier !
6. La chose la plus folle que vous ayez faite par amour des échecs
Arrêter mes études.
7. La partie de votre vie ?
Je ne sais plus qui a dit ça, peut-être Kortchnoï, mais j’espère qu’elle est encore à venir ! Et si on parle en termes de performance, sûrement ma victoire en 1998 contre Bologan, même si j’ai probablement gagné parce qu’il avait forcé le gain. Je n’étais qu’adolescent et que je n’avais pas l’occasion d’affronter des GMI très souvent. En 1993, mes parents m’avaient amené jouer un tournoi à Avignon et Vladoia Vaisman jouait, mon père m’avait dit « regarde c’est un Maître, tu n’en verras peut-être plus » ! C’étaient des rencontres rares et précieuses.
8. Le meilleur conseil échiquéen que l’on vous ait donné ?
Prendre un petit moment de pause après la tempête et le calcul de dizaines de variantes, ce qui per–met parfois de voir la position avec un œil neuf.
9. Votre rituel avant de débuter une partie ?
J’adoube mes pièces avant de débuter, peut-être comme un coach pourrait mettre une petite tape amicale à ces joueurs avant un coup d’envoi. Si le tournoi se passe bien, je vais répéter chaque jour la même routine, comme prendre le même chemin pour rejoindre la salle de jeu. Par superstition.
10. Un conseil à l’amateur, un seul ?
Juste de prendre plaisir à jouer, ce qui est le plus important !
11. Votre partie jouée la plus ancienne dont vous vous souvenez entièrement ?
Je me souviens de ma toute première partie officielle, pas forcément des coups, mais du contexte, le championnat de la Loire dans la petite ville de Saint-Chamond. J’avais les blancs et j’avais perdu ! Il n’y avait pas de jeunes, alors j’avais dû faire mes armes contre les adultes et des joueurs aguerris.
12. Que dirait le débutant que vous étiez, au joueur que vous êtes devenu ?
C’est une approche trop modeste de voir le titre de GMI comme un accomplissement. Je peux donc dire au débutant que j’étais et par extension à tout débutant ambitieux : si on veut être joueur d’échecs pro, il faut viser a minima le top 100 mondial.
13. La pièce du jeu d’échecs dans laquelle vous aimeriez être réincarné ?
Dur à dire ! Le pion c’est pas mal, car on peut rêver tout le long de la partie à une ascension sociale et être promu ! On a tout un potentiel et un avenir devant soi !
14. Si vous deviez changer les règles du jeu, 2 propositions ?
Je n’ai pas trop envie d’y toucher ! C’est un jeu millénaire dont on n’a pas encore fait le tour et qui est très équilibré. Si on devait promouvoir une version différente du jeu, celle que je préfère et qui mériterait plus de tournoi serait les Échecs 960. Jouer aux échecs, sans devoir apprendre des tonnes de théorie, est simplement rafraîchissant et tous les principes stratégiques des échecs restent vrais.
15. Le nom des 3 prochains champions du monde ?
Carlsen, Carlsen et Carlsen lors des championnats du monde 2021, 2022 et 2024.
16. La manière la moins douloureuse de perdre une partie ?
Juste faire une bonne partie et avoir fait de son mieux. Lorsque l’on n’a rien à se reprocher, on peut juste féliciter son adversaire. Il est en revanche beaucoup plus idiot de perdre, parce qu’on a eu la flemme de calculer une variante, parce qu’on a fait la fête la veille, pas préparé la partie, où je ne sais quoi. La défaite fait partie de l’apprentissage, mais il n’y a rien de déshonorant à perdre contre plus fort que soi.
Chez Mat – Retour à Ekaterinbourg Episode 2