Les échecs enfin reconnus comme sport !
Christophe GATTUSO pour Route64
C’est une distinction qui récompense les excellents résultats des échecs français et la pugnacité de ses représentants depuis une vingtaine d’années. La Fédération française des Échecs (FFE) va officiellement recevoir dans les prochains jours la délégation de service public du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Cette évolution lui permettra de bénéficier d’un appui logistique et financier, de soutenir les joueurs de haut niveau et de déployer l’initiation des échecs dans les écoles.
Ne dites plus jamais que les échecs ne sont pas un sport ! Reconnue comme fédération sportive en 2000, la Fédération française des échecs sera très rapidement délégataire de service public du ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports.
Jean-Michel Blanquer en a fait l’annonce ce mardi 15 mars, lors d’une conférence de presse, en présence d’Olivier Girault, directeur de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), de Véronique Moreira, présidente de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (USEP) et du président de la FFE Eloi Relange. Cette évolution statutaire est saluée comme un tournant historique pour les échecs français.
« C’est un moment de joie aujourd’hui car on a parcouru un long chemin vers la terre promise, a déclaré Jean-Michel Blanquer. L’anticipation, la persévérance et la réflexion vous ont été nécessaires pour arriver à cet aboutissement. » Signe de l’importance du moment, plusieurs anciens présidents de la FFE assistaient à l’événement dont Jean-Claude Moingt (2005-2011), Diego Salazar (2013-2016), Stéphane Escafre (2016) ou Yves Marek (2021). Le champion du monde de blitz Maxime Vachier-Lagrave, la championne de France en titre Pauline Guichard ou Marie Sebag étaient également présents.
Des moyens, notamment pour le haut-niveau
« L’obtention de cette délégation de service public va vous donner des moyens concrets, financiers, humains, et matériels », a ajouté le ministre. La FFE pourra bénéficier de l’appui d’un directeur technique national et de conseillers sportifs du ministère pour l’aider dans son développement, la détection, encadrer ses actions à l’école et l’accompagnement des sportifs de haut niveau, notamment.
Le président de la FFE a salué cette nouvelle étape dans la structuration de la fédération, qui intervient alors que la France est désormais la 5e nation mondiale des échecs. « Nous comptons le champion du monde de blitz, disposons d’une très forte équipe de France, de nombreux jeunes joueurs talentueux, et nous planchons sur un plan de performance sportive pour les équipes de France d’aujourd’hui et de demain. » Tout sourire, Jean-Claude Moingt se félicitait de cette « grande avancée », aboutissement d’un travail entamé pendant sa mandature, « qui fait entrer de plain-pied les échecs français dans le monde du sport ».
Plus d’échecs à l’école, c’est la classe !
Cette délégation de service public s’accompagne du renouvellement de la convention cadre passée en 2007 entre le ministère de l’Education nationale et la FFE et par le lancement de plusieurs initiatives visant à promouvoir le jeu d’échecs à l’école. La FFE a signé une convention avec les deux fédérations sportives scolaires publiques, l’USEP et l’UNSS.
Le ministère et la FFE ont aussi acté le lancement du programme Class’Echecs qui prévoit l’initiation à l’école de 250 000 enfants du premier degré sur 3 ans. « Les professeurs des écoles volontaires accéderont à une formation gratuite sur la plateforme m@gister et en parallèle 5 000 échiquiers seront distribués dans 500 écoles dès la première année du partenariat », précise le ministère de l’Education. Ce dispositif rendu gratuit grâce aux soutiens financier et matériel apportés par le Crédit Mutuel Enseignant et par l’Échiquier de la Réussite, pourrait être étendu à un plus grand nombre d’écoles après une période d’expérimentation. « L’un des avantages des échecs, c’est que l’équipement est peu coûteux et durable », a expliqué Eloi Relange.
« Je suis convaincu que l’initiation aux échecs à l’école est d’un intérêt général pour nos enfants », a affirmé le ministre de l’Education nationale, fan du jeu et qui en loue régulièrement les vertus.
« Obligations réciproques »
L’obtention de la délégation de service public s’accompagne d’« obligations réciproques », a rappelé Jean-Michel Blanquer. Si la FFE disposera d’un appui logistique et financier, elle devra en contrepartie s’acquitter de sa fonction d’initiation des échecs à l’école mais aussi conforter sa place parmi les meilleures nations au monde – avec l’objectif affiché d’une médaille aux Olympiades d’ici à 2028. La FFE aura aussi à remplir un rôle social actif dans la lutte contre les violences dans le sport, le déploiement du sport santé, ou encore l’inclusion des personnes souffrant de handicap. Autant de domaines dans lesquels la fédération est déjà investie et a un coup d’avance. « Notre fédération entre aujourd’hui dans une nouvelle dimension », conclut Eloi Relange dans un long message adressé aux joueurs d’échecs, résumant la portée de cette promotion.